mercredi 5 avril 2023

L'eau, l'agriculture, les violences et l’État

 En 1974, pendant la campagne présidentielle, nous avons vu un candidat lever son verre d'eau devant la caméra  en déclarant: "Je bois devant vous un verre d’eau, précieuse, puisque, avant la fin du siècle, si nous continuons un tel débordement, elle manquera."

Beaucoup le prenait pour un hurluberlu. C'était René Dumont.

Les événements autour de la méga-bassine de Sainte-Soline devraient nous rappeler qu'il ne s'était pas trompé.

Au lieu de cela, le gouvernement et de multiples politiciens mettent l'accent sur les violences. Elles sont inadmissibles et condamnables, d'où qu'elles viennent. Mais "bien exploitées" par la presse des milliardaires et certains politiciens, elles évitent aussi de parler du fond.

La violence exacerbée mise en avant sur le terrain et dans les médias, permet deux choses:

- Ne pas remettre en cause le modèle productiviste, dénoncé par l'emploi de la méga-bassine de Sainte-Soline, par exemple.

- Détourner la lutte, autrefois orientée contre l’État, vers les écologistes, pour protéger le pouvoir en place qui soutient ce modèle. C'est ainsi que Darmanin lance le "concept d'écoterroriste" et que les seconds et troisièmes couteaux de chez nous, répètent inlassablement des éléments de langage sur "l'écologie punitive" pour habiller leur "écologie intelligente." 

Ceux qui agissent ainsi oublient, ou font mine de ne pas se rendre compte, qu'ils préparent, eux aussi, à de la violence.

Indûment protégés par l’État, des agriculteurs productivistes sont désinhibés et peuvent conduire des actions moins visibles mais tout autant délétères.

En Occitanie par exemple, un syndicat agricole déclaré apolitique mais proche du Rassemblement national, détient tous les pouvoirs dans un département.

Il a construit un lac artificiel, malgré l'interdiction du tribunal administratif. Ses responsables, élus à la tête de la chambre d'agriculture ont été condamnés à des amendes et des peines de prison confirmées en appel l'an dernier. A ce jour, ces personnes sont toujours en liberté et le lac artificiel est toujours en place. Ces mêmes individus ont menacé la responsable nationale d'EELV il y a quelques jours et l'ont bloquée en gare, lorsqu'elle s'est rendue dans la préfecture.

Ce sentiment d'impunité n'est pas étranger à certaines décisions du gouvernement. Darmanin a ainsi créé, avec la FNSEA, une cellule de renseignement de la gendarmerie, chargée de protéger les exploitations agricoles cambriolées. Ce qui est plutôt bien.

Mais comme souvent, le diable est dans les détails. La cellule en question, baptisée Demeter, est allée au-delà de la prévention des cambriolages. L'an dernier, le tribunal administratif a dû exiger que le gouvernement mette fin à certaines des activités de cette cellule, estimant que la prévention d’ "actions de nature idéologique" menée par elle ne reposait sur "aucune base légale".

 Manifestation contre la réforme des retraites, demain à 10h30 à Draguignan.

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