jeudi 31 mars 2022

La société de consommation, c'est terminé!

 

Ne nous y trompons pas: la société de consommation, c'est terminé.

Qu'on le veuille ou non!

Nous avons la chance d'être encore en démocratie, même si les nationalistes cognent de plus en plus fort à nos portes, en écho à ceux qui assassinent plus à l'Est.

Enfin, pour l'instant, nous sommes encore en démocratie!

Et toutes les démocraties ont été rêvées, pensées, réalisées dans un monde sans limites.

Or, aujourd'hui, nous devons réaliser le monde dans un contexte entièrement nouveau.

"Le temps du monde fini commence", écrivait le poète Paul Valéry, il y a près d'un siècle.

Nous allons devoir organiser notre vie avec de nouvelles règles, avec de nouvelles normes, avec des chemins très différents de ceux qui nous gouvernent aujourd'hui encore.

Construire ensemble, véritablement, un monde plus sobre, sans rien lâcher sur la démocratie.

Redéfinir les priorités, ne laisser personne sur le bord du chemin.

Sommes-nous prêts à ne plus confondre le désir et le besoin?

Si la réponse est oui, nous saurons préserver le vivant qui nous entoure, pour un nouvel équilibre qui nous rendra tout aussi heureux, si ce n'est plus.

Si la réponse est oui, nous allons pouvoir redonner sa véritable place à ce qu'il y a d'humain en nous, à l'éducation, à la culture et au soin.

Si la réponse est non, les frustrations persisteront, les égoïsmes l'emporteront et les haines seront exploitées.

Les démagogues qui "rêvent d'un Poutine français" *ou qui pensent que "Poutine porte le programme que nous voulons pour la France"**, descendront les Champs-Élysées sous le soleil brûlant.

Nous étoufferons alors, en regardant fondre la liberté, l'égalité et la fraternité, comme fondent les glaces de nos montagnes.

Pas dans un siècle. Pas dans cinquante ans. Pas dans vingt ans. Dans dix ans peut-être.

"Le temps du monde fini commence."

* Zemmour  ** Le Pen

mercredi 30 mars 2022

Construire ensemble véritablement

A quelques jours de l'élection présidentielle et à quelques mois de l'élection législative, j'éprouve le besoin de ressortir ce vieux texte de 2011.

Il a été coécrit par Michel ROCARD, ancien Premier ministre, Dominique BOURG, professeur de géoscience et de l'environnement à l'université de Lausanne et Floran AUGAGNEUR, professeur de philosophie de l'écologie à Sciences-Po Paris.

Sa lucidité pourrait inviter au pessimisme. Pour moi, il est d'abord source d'une mobilisation de combat.

"Les catastrophes écologiques qui se préparent à l'échelle mondiale dans un contexte de croissance démographique, les inégalités dues à la rareté locale de l'eau, la fin de l'énergie bon marché, la raréfaction du nombre de minéraux, la dégradation de la biodiversité, l'érosion et la dégradation des sols, les événements climatiques extrêmes... produiront les pires inégalités entre ceux qui les subiront.. Elles ébranleront les équilibres géopolitiques et seront sources de conflits. L'ampleur des catastrophes sociales qu'elles risquent d'engendrer a, par le passé, conduit à la disparition de sociétés entières..."

Aujourd'hui, notre pouvoir d'achat dépend d'abord du climat et de la solidité de nos services publics malmenés. 

La Covid et la guerre d'Ukraine ne sont que les accélérateurs de processus qui sont nés bien avant. C'est ainsi, par exemple, que le monde va manquer de blé à cause des vagues de chaleur subies l'été dernier par le Canada, les États-Unis, le Kazakhstan, la Russie, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

Un nouveau monde est à construire, ensemble, véritablement.

Ce sera très, très, difficile, parce que c'est très, très complexe.

Aucun slogan facile, aucune promesse de cadeaux, aucune pensée simple ne seront la réponse. Et surtout pas les petites idéologies malodorantes qui rivalisent en ce moment pour contrôler les esprits.


 

mardi 29 mars 2022

Les passoires thermiques

 

Le dispositif MaPrimeRénov' aide à la rénovation énergétique des logements.  
C'est un moyen essentiel pour lutter contre le réchauffement climatique et pour protéger le pouvoir d'achat des habitants. 
L'aide est dégressive et varie en fonction des revenus des propriétaires. 
L'objectif annuel que s'était fixé le gouvernement en 2021, en lien avec ceux de la Commission Européenne, était de 500 000 logements.

Bingo! 644 000 logements ont été concernés et le gouvernement est fier de lui.

Mais est-ce véritablement une réussite?

Pas du tout, hélas!

Alors qu'il était prévu de sortir 80 000 logements de la précarité, seuls 2 500 ont quitté le statut de passoires thermiques (classés F ou G dans le diagnostic de performance énergétique), soit 0,39% du total des logements subventionnés.

En versant  en moyenne 3 200 € par logement, on a seulement effectué des débuts de rénovation (changement de fenêtres ou de chaudière ou de poêle à bois...). Or, le coût moyen d'une véritable restructuration est de l'ordre de 18 000 €.

Pour être efficace, il faudrait augmenter les aides publiques (2 milliards d'euros), de façon beaucoup plus significative.

Ce n'est pas le choix du gouvernement. Cette année, il va réduire de 80 000 à 20 000 les rénovations performantes.

Comme il y a environ 5 millions de passoires thermiques en France, à ce rythme-là, il faudra 250 ans pour tout isoler.

L’État, qui a déjà été condamné l'an dernier pour son inaction climatique, prépare sa récidive.

On va dans le mur... énergétique. C'est un échec, pour le pouvoir d'achat, pour les habitants et pour le climat!

Pour les candidats et les électeurs qui l'oublient ou ne le savent pas: l'Antarctique et l'Arctique n'ont jamais été aussi chauds à cette période de l'année. 
La sécheresse gagne différentes régions de France en ce moment et les restrictions d'eau débutent dans l'Est du pays.

lundi 28 mars 2022

L'écologie intelligente!

 Le maire de Saint-Raphaël, associé du Rassemblement national à la communauté d'agglomération, est un drôle d'écologiste.

Au conseil municipal de jeudi dernier, il a fait voter une délibération étonnante.

La ville va accueillir le championnat de France de jet offshore au mois de mai: des motos de mer qui filent à plus de 100km/h et qui passent de 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes.

Plus personne n'ose recevoir ce genre de manifestation, mais lui, il l'a fait.

C'est ce qu'il appelle "l'écologie intelligente", slogan dont il a affublé une de ses dernières adjointes du conseil municipal.

Il n' a pas honte de faire ça. Non, non, non! 

Et sans rire, il a même prétexté "qu'à Monaco il y a bien un Grand-Prix de Formule 1".

Ça va coûter 50 000 euros à la ville, mais après, ça va remplir les caisses, a-t-il dit en substance.

La faune marine, la flore, les sites protégés, il s'en fout: ça va remplir les caisses!

C'est vrai qu'il n'a pas encore compris, le chef de "l'écologie intelligente", que toute écologie ne peut être que "sociale". Et s'il veut remplir les caisses, il devrait commencer par ne pas les vider, en logeant mieux les actifs qui travaillent dans sa ville.

Comme il ne construit pas beaucoup de logements pour actifs, l’État va taxer sa ville de  près de 900 000 euros pour carence!

"L'écologiste intelligent" ne sait pas que les gens qui font tourner les hôtels, les restaurants, les commerces et les services publics, ont aussi besoin de se loger à proximité de leur travail.

Comme il aime à le dire: "La politique est faite de symboles"

Son "écologie intelligente" se heurte de front à "l'écologie sociale".

vendredi 25 mars 2022

Poutine...

 Prochain article lundi

Je ne suis pas diplomate, je ne suis pas militaire et je n'ai jamais fait d'études en sciences politiques.

Mais comme tout le monde, j'ai étudié un peu l'histoire et la géographie, je sais lire et voici comment je vois ce que fait Poutine.

Contrairement à ce qui est dit et écrit souvent, je ne crois pas qu'il soit fou. Je pense qu'il a un projet bien construit. Et en cela, il est encore plus dangereux.

Cet ancien espion du KGB n'a pas digéré la fin du bloc soviétique et cherche depuis longtemps à rendre à la Russie sa grandeur passée tout en la protégeant du monde occidental  qui lui semble hostile. Cet objectif est visible au moins par quatre actions continues et convergentes mises en œuvre depuis des années, auxquelles je n'avais jamais accordé l'intérêt qu'elles méritaient.

1°) Il cherche à reconquérir les territoires perdus en allant à chaque fois à la limite de ce que peuvent supporter les démocraties occidentales.

Certes, il s'enlise en Ukraine, mais tout avait bien marché pour la Crimée et même pour le Donbass.

2°) Il a une politique expansionniste, par exemple en Afrique:

- parce qu' il est aussi intéressé que nous par les richesses naturelles de ces pays,

- parce que voir Daech continuer à déstabiliser l'occident ne semble pas lui déplaire.

3°) Il profite de nos divisions en faisant tout pour éloigner la Grande-Bretagne et les États-Unis du reste de l'Europe.

4°) Il cherche à provoquer des divisions à l'intérieur même de l'Union Européenne.

Il inondait le monde occidental avec ses chaînes de télévision polyglottes RT et Sputnik. Elles viennent d'être fermées dans l'Union Européenne, à la suite de l'invasion de l'Ukraine.

Propagande, complotisme, désinformation abreuvaient ces chaînes en continu. Leur influence perdure à travers les réseaux sociaux.

Le soutien à Trump aux États-Unis, le financement de campagnes de l'extrême droite en France par des banques russes, certaines manifestations complotistes dans notre pays et l'admiration du bonhomme et de son régime par certains hommes politiques, en sont des témoignages.

Les trois sommets qui se déroulent en ce moment n'ont pas d'autre choix que de réinstaller la paix.

Ce dictateur sanguinaire ne nous convient pas, mais c'est notre voisin...

jeudi 24 mars 2022

Plus proches ou plus éloignées...

Des femmes et des fillettes meurent sous les coups des dictateurs.

Qu'ils soient russes ou talibans. 

Le monde de demain se prépare dans le sang, sous les bombes de Marioupol ou la charia de Kaboul.

Plus proches ou plus éloignées, toutes subissent la même bêtise des hommes.


"Il y a quelques mois encore, en Afghanistan, elles étaient journalistes, médecins, avocates, magistrats, artistes, traductrices, diplomates. Ça n'était pas dans tout le pays, mais c'était possible.

Il y a quelques mois encore, elles étaient femmes, filles, sœurs, épouses, camarades, amies, collègues.

Depuis le retour des talibans et l'instauration de la charia, elles sont devenues des biens meubles, des ventres, des fantômes sans parole et sans droits.

Leur vie ne leur appartient plus, et c'est l'humanité tout entière qui saigne.

Jamais ces silhouettes indéfinies ne nous laisseront indifférentes.

Ce sont des mots, et ces mots sont pour elles.

Ils sont nés de nos insomnies, ils sont nés de la certitude que nous avons qu'à l'obscurantisme des idées, la lumière des textes peut aussi répondre.

Nous ne renverserons pas un régime taliban avec des phrases, mais elles bâtissent des ponts de mots entre ces femmes afghanes et nous, des constructions d'une solidité inouïe qu'aucun islamisme ne saura détruire, jamais.

Les femmes afghanes supplient le monde de ne pas les oublier, nous ne sommes pas le monde, mais nous ne les oublions pas."

 Texte écrit par T. Banon et R. Khan en préface du livre "Toutes afghanes" publié aux Éditions de l'Observatoire/Humensis, novembre 2021- prix 6€ - bénéfices reversés à l'association Afghanistan libre.

mercredi 23 mars 2022

L'argent n'a pas d'odeur

                

                                          

Aujourd'hui, la Société publique locale Vallon des Pins a inauguré son trou en grande pompe, à Bagnols-en-Forêt, forêt amputée de 19 hectares.

Le trou est prêt à recevoir ses 100 000 tonnes de déchets ultimes chaque année.


Ultimes, bien qu'ils n'auront pas été parfaitement triés à la source, par chaque foyer du Pays de Fayence, de la Dracénie-Provence-Verdon, de l'ex-CAVEM, de Mandelieu-Cannes-Iles de Lérins et du Pays de Grasse.

510 000 habitants tout de même! Enfin, l'hiver. Parce que l'été!

Les associés Masquelier et Rachline ne sont pas venus. Ils ont eu tort. Ils auraient entendu à quel point leurs collègues des villes lointaines étaient heureux d'avoir planqué leurs ordures loin de chez eux. Tout comme eux, d'ailleurs. Quel spectacle de les entendre surenchérir: "prouesse", "exploit", "modèle", "victoire", "réussite"...
Le maire de Bagnols a trouvé le cadeau en arrivant à la mairie. Il a fait un beau discours, plus près du réel que les fourbes laudateurs.

Vous ne triez pas trop votre poubelle, vous mélangez les restes de repas avec des objets recyclables... Tout est trempé. Ce n'est pas grave, on construit une usine à côté, une méga centrifugeuse qui va tout mélanger et envoyer au trou 1 750 000 tonnes dans les 25 ans qui viennent. Quelques recyclables sortiront sur des tapis roulants, puis, à la sortie, 30% iront dans le trou et 70% en incinération.

C'est Longo, adjoint Rassemblement national de Fréjus, qui est chef de l'usine à ordures.


On a tout fait à l'envers.

C'est le contraire qu'il fallait faire. Si on avait véritablement trié à la source, on n'en mettrait pas autant dans le trou, on n'en brûlerait pas autant, et on pourrait recycler davantage.
Les déchets ultimes seraient alors véritablement ultimes. Ce qu'ils ne sont pas aujourd'hui. L'ultime est d'ailleurs différent d'une ville à l'autre, puisque chaque maire reste maître chez lui.

Les élus ont choisi la solution la plus onéreuse, la moins favorable pour le réchauffement climatique, la moins favorable pour la protection des espèces, la moins favorable au tri citoyen et la plus favorable au gaspillage.

 
Contrairement à ce qui est dit, ce genre de trou:
- détruit du vivant protégé par la législation française et des conventions internationales,
- contribue à l'artificialisation du sol, malgré les mesures de compensation,
- peut rejeter des eaux de percolation par accident ou pluies intenses,
- peut prendre feu,
- rejette des gaz polluants et des gaz contribuant à l'effet de serre, comme le méthane.

Le trou voisin, en fragile équilibre, va continuer à être surélevé pendant deux ans.

La loi impose de trier les poubelles dans vingt mois.

Respecterons-nous la loi dans nos belles villes du bord de mer?

Oui, oui, disent les élus.

J'en doute! Une partie de l'argent englouti dans le BTP aurait dû servir à l'éducation citoyenne et à l'organisation de la collecte et du compostage des fermentescibles.

Quelle farce!

En attendant, le maire de Bagnols est content. Sa commune va toucher 500 000 € chaque année. 
12 millions et demi pendant la durée de l'exploitation!

Les trois mille Bagnolais pourront se payer que sais-je: une piscine, une maison de la culture et des terrains de boules.

Bon d'accord, ça risque de puer. Mais après tout, l'argent n'a pas d'odeur.


Pour plus de détails, voir les six articles commençant par: https://forumjulii.blogspot.com/2021/10/vos-elus-construisent-une-usine-1.html