La santé mentale des enfants et des adolescents se dégrade: anxiété, dépression, troubles alimentaires, suicides...
Le passage aux urgences pour troubles psychiques a augmenté en cinq ans de 65%. 1,6 million de la jeune génération est concerné, mais la moitié seulement est prise en charge.
La France compte seulement 700 pédopsychiatres pour 15 000 psychiatres.
Tout cela permet à la Cour des comptes de conclure que "l'offre de soins psychiques est inadaptée aux besoins de la jeunesse."
Les raisons de ce mal-être sont nécessairement multifactorielles et
ne peuvent être inventoriées dans un article d'une page: instabilité
croissante liée aux désordres familiaux, au confinement récent et aux
crises économiques et climatiques, en particulier.
J'évoquerai ici, l'association entre troubles de santé mentale et temps consacré aux écrans.
Les chercheurs ne sont pas unanimes sur le sujet et certains estiment que s'il y a association, il n'y a pas nécessairement lien de causalité. J'en doute pour ma part et je pense qu'il est préférable de prendre un certain nombre de précautions, l'engagement de l'adulte étant préférable au laisser-faire.
Chez l'enfant, le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) conseille de proscrire les écrans avant 3 ans, de ne pas installer de téléviseur dans la chambre, de l'éteindre au moins une heure avant le coucher, d'adapter l'utilisation avec l'âge et d'organiser le plus possible une interaction avec l'adulte sur ce qui est regardé.
Le 3-6-9-12 du psychiatre Serge TISSERON me semble être une bonne base pour accompagner les enfants:
- 3: pas d'écran avant 3 ans,
- 6: pas de console avant 6 ans,
- 9: pas d'internet avant 9 ans ou le collège,
- 12: accès progressif à internet en lien avec les parents.
Chez l'adolescent, quelques règles de régulations mériteraient d'être mises en place en partenariat avec lui: sessions programmées à des moments bien déterminés de la journée (avant les repas par exemple), routines communes (pas d'écran pendant les repas), régulation journalière et éventuellement blocage du smartphone en cas de limite dépassée.Les écrans ne sont que des outils et comme pour tout outil, bien s'en servir nécessite un apprentissage. Les échanges parents/ados sont ici essentiels.
Ils peuvent jouer un rôle positif, à l'âge où l'on souhaite s'émanciper: échanger avec ses amis et sa famille est assurément associé à une meilleure santé mentale.
L'impact des réseaux sociaux ( TikTok, Snapchat, Facebook, Instagram...) est peu analysé scientifiquement, car il y a peu de données directement fournies par les plateformes. Les études s'appuient essentiellement sur l'auto-déclaration, par définition beaucoup moins fiable.
Trois dangers majeurs, au-delà de l'usage intensif, peuvent impacter la santé mentale des ados:
- Le cyberharcèlement (Pap Ndiaye a demandé hier, que les 7000 principaux organisent cette semaine une heure de sensibilisation sur " le harcèlement et les réseaux sociaux", pour tous les collégiens).
- L'exposition inopinée ou volontaire aux contenus choquants.
- Le doomscrolling:
C'est le phénomène qui consiste à centrer le temps d'écran sur des mondes imaginaires à caractère négatif, souvent totalitaires, en très grande quantité. La privation de liberté et la soumission à des dirigeants tyranniques, des sujets tristes, n'est pas sans conséquences sur la santé mentale. Surtout chez des personnalités déjà fragiles ("doom"= effondrement et "scroll"= faire défiler.)
Je m'interroge d'ailleurs sur le lien qu'il pourrait y avoir, chez les jeunes comme chez les adultes, entre le doomscrolling et la montée des partis et des régimes autoritaires.
J'attends avec impatience le résultat de travaux de chercheurs sur ces sujets.
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