lundi 16 septembre 2019

La crise du devenir de nos enfants

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Début décembre 2018 et à quelques jours d'intervalle, j'ai participé à la marche pour le climat organisé par Alternatiba et j'ai rencontré les "gilets jaunes" au péage de Fréjus.
Ces deux journées ont inspiré le texte suivant écrit le 7 décembre 2018.



La crise du devenir de nos enfants
 
Aujourd’hui, nous sommes face à la crise du devenir de nos enfants.
Comme enseignant et ancien inspecteur de l’Education nationale, cela m’inquiète.

Cette crise du devenir de nos enfants, chacun l’exprime à sa façon, mais il s’agit bien du même problème. Quelle terre, quel avenir leur réservons-nous ?

Au rond-point du CAPITOU, on est dans l’immédiateté car on a un peu plus faim.
A la marche pour le climat, on est davantage dans la durée.
Pourtant, dans les deux cas, il s’agit de la même inquiétude, même si les réactions sont différentes.
Occuper un rond-point attire l’attention et peut réveiller les âmes assoupies.
Marcher pour le climat attire l’attention et doit aussi réveiller les âmes assoupies.
 Mais est-ce suffisant ?

Ces deux actions peuvent fracturer si elles ne dialoguent pas. 

A la marche pour le climat, on ne doit pas croire qu’un moment festif suffise à changer le monde. L’engagement de tous pour sauver l’humanité doit s’inscrire dans la durée et passe par l’éducation.

Au CAPITOU, j’ai rencontré de la souffrance et de la bonne volonté, mais pour dialoguer on m’a imposé le port du  gilet jaune, exigé ma signature sur un registre et pris en photo. Je veux croire à des maladresses. Mais enfin, nous avons connu ça dans les années trente et je ne veux pas de ce régime pour le devenir de nos enfants.

Pendant les trente glorieuses, la croissance a agi comme un sédatif. Les inégalités étaient tolérables : les salariés modestes savaient qu’eux-mêmes ou leurs enfants finiraient par bénéficier des avantages de leur patron, même s’ils étaient moindres et si c’était avec un temps de retard. L’idéal démocratique appris à l’école était bafoué, mais il y avait convergence. Et d’une certaine façon, pour l’équilibre de la société, la croissance était la solution la plus simple et permettait de cacher que, tous égaux en droit, les Français vivaient dans une société inégalitaire. 

Ces dernières années, la croissance stagne et cette forme d’équilibre éclate. Les enfants ne connaîtraient pas les mêmes avantages que les patrons, comme autrefois ?
L’activité industrielle génère une pollution qui attaque la vie, celle des plus faibles en premier (les pauvres et les enfants).
Une partie de la croissance est liée aux dépenses provoquées par le dérèglement climatique.
Les fruits de la croissance restreinte sont répartis de plus en plus inégalement. 

La FRANCE est riche mais doit dépasser ses injustices sociales et fiscales.

Les entreprises du CAC 40 paient 10 fois moins d’impôts que les PME. 55 % du commerce international transite par les paradis fiscaux. La fraude équivaut au déficit. Il existe des investissements sales qui détruisent les matières premières.
Le marché avance et les états reculent. 
Et s’il y a bien un domaine où l’Etat n’a pas le droit de reculer, c’est celui de l’éducation.
 La France doit redonner la priorité à son école. Dans l’OCDE, notre pays est au 16ème rang sur 19 pour son investissement dans l’école primaire.
La planète  commence à brûler mais les pays qui en sont les plus conscients et qui s’en sortent le mieux sont ceux qui investissent le plus dans leur matière grise. La prise de conscience de la complexité du monde et les pistes à construire pour trouver des solutions au dérèglement du climat passent aussi par l’école. 

On est bien dans la crise du devenir de nos enfants.

Ce début de siècle sera éducatif ou ne sera pas.

 Joël HERVE

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