Début décembre 2018 et à quelques jours d'intervalle, j'ai participé à la marche pour le climat organisé par Alternatiba et j'ai rencontré les "gilets jaunes" au péage de Fréjus.
Ces deux journées ont inspiré le texte suivant écrit le 7 décembre 2018.
La crise du devenir de nos enfants
Aujourd’hui, nous sommes face à la crise du devenir de nos enfants.
Comme enseignant et ancien inspecteur de l’Education
nationale, cela m’inquiète.
Cette crise du
devenir de nos enfants, chacun l’exprime à sa façon, mais il s’agit bien du
même problème. Quelle terre, quel avenir leur réservons-nous ?
Au rond-point du CAPITOU, on est dans l’immédiateté car on a
un peu plus faim.
A la marche pour le climat, on est davantage dans la durée.
Pourtant, dans les deux cas, il s’agit de la même inquiétude,
même si les réactions sont différentes.
Occuper un rond-point attire l’attention et peut réveiller
les âmes assoupies.
Marcher pour le climat attire l’attention et doit aussi
réveiller les âmes assoupies.
Mais est-ce suffisant ?
Ces deux actions peuvent fracturer si elles ne dialoguent
pas.
A la marche pour le climat, on ne doit pas croire qu’un
moment festif suffise à changer le monde. L’engagement de tous pour sauver
l’humanité doit s’inscrire dans la durée et passe par l’éducation.
Au CAPITOU, j’ai rencontré de la souffrance et de la bonne
volonté, mais pour dialoguer on m’a imposé le port du gilet jaune, exigé ma signature sur un
registre et pris en photo. Je veux croire à des maladresses. Mais enfin, nous
avons connu ça dans les années trente et je ne veux pas de ce régime pour le devenir de nos enfants.
Pendant les trente glorieuses, la croissance a agi comme un
sédatif. Les inégalités étaient tolérables : les salariés modestes
savaient qu’eux-mêmes ou leurs enfants finiraient par bénéficier des avantages
de leur patron, même s’ils étaient moindres et si c’était avec un temps de
retard. L’idéal démocratique appris à l’école était bafoué, mais il y avait
convergence. Et d’une certaine façon, pour l’équilibre de la société, la
croissance était la solution la plus simple et permettait de cacher que, tous
égaux en droit, les Français vivaient dans une société inégalitaire.
Ces dernières années, la croissance stagne et cette forme
d’équilibre éclate. Les enfants ne connaîtraient pas les mêmes avantages que
les patrons, comme autrefois ?
L’activité industrielle génère une pollution qui attaque la
vie, celle des plus faibles en premier (les pauvres et les enfants).
Une partie de la croissance est liée aux dépenses provoquées
par le dérèglement climatique.
Les fruits de la croissance restreinte sont répartis de plus
en plus inégalement.
La FRANCE est riche mais doit dépasser ses injustices
sociales et fiscales.
Les entreprises du CAC 40 paient 10 fois moins d’impôts que
les PME. 55 % du commerce international transite par les paradis fiscaux. La
fraude équivaut au déficit. Il existe des investissements sales qui détruisent
les matières premières.
Le marché avance et les états reculent.
Et s’il y a bien un
domaine où l’Etat n’a pas le droit de reculer, c’est celui de l’éducation.
La France doit
redonner la priorité à son école. Dans l’OCDE, notre pays est au 16ème
rang sur 19 pour son investissement dans l’école primaire.
La planète commence à
brûler mais les pays qui en sont les plus conscients et qui s’en sortent le
mieux sont ceux qui investissent le plus dans leur matière grise. La prise de
conscience de la complexité du monde et les pistes à construire pour trouver
des solutions au dérèglement du climat passent aussi par l’école.
On est bien dans la
crise du devenir de nos enfants.
Ce début de siècle sera éducatif ou ne sera pas.
Joël HERVE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire