Le texte ci-dessous a été écrit en 2016.
Une nouvelle ligne de chemin de fer traversant quatre des cinq communes de la CAVEM est prévue. Les travaux devaient débuter en 2022.
Le saviez-vous?
Aujourd'hui ce projet est reporté mais non supprimé.
J'ai participé dans un cadre associatif à de multiples réunions de travail au Muy, à Marseille, à Nice, avec la SNCF, avec les représentants de l'Etat et les élus régionaux.
2000 militants associatifs entre Marseille et Menton s'opposent à ce projet coûteux et inutile. Ils préfèrent que la ligne actuelle soit modernisée et entretenue plutôt que de voir des milliards engloutis pour gagner quelques minutes entre Nice et Paris.
De surcroît, avec un tel projet, les gares de Fréjus et de St-Raphaël deviendraient insignifiantes, les TGV s'arrêtant au Muy ou du côté de Cannes après avoir transpercé l'Esterel par un tunnel.
Au delà du problème de transport évoqué. Cet exemple pose le problème de l'information citoyenne et de la démocratie participative.
On fait de
la loi une force injuste !
Veut-on
vraiment que la population s’occupe de ses affaires ?
L’information
et la participation de la population à l’élaboration de décisions susceptibles
d’avoir un impact sur son environnement est un enjeu majeur de la démocratie.
La
démocratie représentative doit davantage prendre en compte les besoins de la
population et les élus ne doivent pas opposer leur toute puissance à ceux qui
les ont choisis.
L’élévation du niveau d’instruction de la population et la présence de multiples associations autorisent une plus grande compréhension de problèmes qui ne sont complexes que parce que l’information reste cachée.
L’élévation du niveau d’instruction de la population et la présence de multiples associations autorisent une plus grande compréhension de problèmes qui ne sont complexes que parce que l’information reste cachée.
Redonner vie
à la démocratie est impératif si l’on ne veut pas voir les populismes
s’installer ou consolider leurs pouvoirs. Très souvent, le processus légal des
décisions est formellement respecté mais délibérément opacifié ou vidé de toute
substance.
La loi devient une force injuste et donc contestée.
On le voit
autour de nombreux sujets concernant l’Est Var et le projet de la Ligne
Nouvelle Provence Côte d’Azur (LNPCA) est, en ce sens, l’exemple de ce qu’il ne
faut pas faire.
La concertation
En 2015, la Commission Nationale du
Débat Public (CNDP) décide de ne pas organiser un nouveau débat public en se
satisfaisant des concertations antérieures inabouties alors que le projet n’est
plus exactement le même. Les recours associatifs sont ignorés.
On fait de la loi une force injuste.
Le tracé de la future ligne
La segmentation dans le temps et dans l’espace de la future construction
permet d’organiser une enquête publique sans que les habitants concernés
sachent où va exactement passer la ligne. La publication d’un fuseau, parfois
très large, est source d’incertitude et d’angoisse pour la population
concernée. Le processus légal est formellement respecté mais vidé de sa
substance.
On fait de la loi une force injuste.
Les permis de construire
La SNCF met
en place des zones de protection foncière qui lui permettront légalement de
bloquer les permis de construire délivrés par les maires pendant deux ans.
On fait de la loi une force injuste
Les expropriations
Les élus départementaux ont voté le
27 octobre dernier le déblocage de crédits pour permettre les premières
expropriations. Elles concernent les propriétés situées sur un fuseau large
parfois de plusieurs kilomètres. Devant les incertitudes du projet, certains
biens seront expropriés mais peut-être pas détruits. Leurs propriétaires auront
alors été dépossédés pour rien car les biens resteront aux initiateurs du
projet.
On fait de la loi une force injuste.
L’accélération du processus
A l’issue de
la concertation entre la SNCF et les élus du Var, il est décidé d’accélérer la construction
de la section Le Muy-La Siagne en réalisant des aménagements sur ce secteur
bien plus tôt que ne le définissait le projet annoncé dans la consultation
(aménagements de la priorité 2 réalisés en même temps que ceux de la priorité 1).
Est-ce légal ?
On fait de la loi une force injuste.
La concertation de la population en
2016
Après des
réunions de travail bâclées et inachevées avec les associations, une seule
réunion de concertation a eu lieu à La Crau pour le public, le 12 octobre dernier.
Rien dans l’Est Var malgré la demande des associations auprès des maires qui
ont le pouvoir de demander des réunions publiques pour leurs administrés auprès
de la SNCF. C’est légal mais…
On fait de la loi une force injuste.
Et ailleurs ? J’ai pris l’exemple de la Ligne
Nouvelle, mais le même constat s’impose pour des projets qui touchent de près
l’Est Var :
- comme la gestion des déchets dont les plans
(quand ils existent) sont cachés au grand public alors qu’il devra être acteur
pour trier chez lui,
- comme le projet de construction des
installations classées pour la protection de l’environnement chargées d’exploiter
les centrales d’enrobé et de béton de Fréjus.
On conserve
un processus légal formellement respecté mais, dans ce dernier cas, compte tenu
des inexactitudes, des omissions et des insuffisances de l’enquête publique…
On fait de la loi une force injuste.
Veut-on vraiment que la population
s’occupe de ses affaires ?
Certains
mettaient beaucoup d’espoir dans la nouvelle ordonnance décidée par l’Etat sur
la démocratisation du dialogue environnemental du 3 août dernier.
Un droit
d’initiative citoyenne est ouvert aux habitants qui seraient concernés par un
projet important soumis à déclaration.
Mais
l’encadrement est tel que son effet sera automatiquement très limité. En effet,
il ne suffit pas que la demande soit recevable !
Les projets
relevant de la CNDP (comme la Ligne Nouvelle) sont exclus.
Les
initiatives de concertation doivent d’abord relever des initiateurs des
projets !
Les projets
doivent mobiliser des fonds publics importants.
C’est le
préfet qui décide ou pas de prendre en compte la demande citoyenne.
Autant dire
qu’on aura toujours un processus légal formellement respecté bien que vidé de
toute substance.
On fait de la loi une force injuste.
Toutes ces
stratégies aboutissent à pervertir la loi. Les populations contestent parfois
la légalité mais c’est surtout la légitimité des actions entreprises sous
couvert du mensonge, du double langage ou du secret qui aboutit au déficit
criant de démocratie participative sans laquelle la démocratie n’est plus
qu’une enveloppe vide.
Joël HERVE
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