Aujourd'hui, la Société publique locale Vallon des Pins a inauguré
son trou en grande pompe, à Bagnols-en-Forêt, forêt amputée de 19
hectares.
Le trou est prêt à recevoir ses 100 000 tonnes de déchets
ultimes chaque année.
Ultimes, bien qu'ils n'auront pas été parfaitement triés à la source, par chaque foyer du
Pays de Fayence, de la Dracénie-Provence-Verdon, de l'ex-CAVEM,
de Mandelieu-Cannes-Iles de Lérins et du Pays de Grasse.
510 000 habitants tout de même! Enfin, l'hiver. Parce
que l'été!
Les associés Masquelier et
Rachline ne sont pas venus. Ils ont eu tort. Ils auraient entendu
à quel point leurs collègues des villes lointaines étaient heureux
d'avoir planqué leurs ordures loin de chez eux. Tout comme eux,
d'ailleurs. Quel spectacle de les entendre surenchérir:
"prouesse", "exploit", "modèle", "victoire", "réussite"...
Le maire de Bagnols a trouvé le
cadeau en arrivant à la mairie. Il a fait un beau discours, plus
près du réel que les fourbes laudateurs.
Vous ne triez pas trop votre
poubelle, vous mélangez les restes de repas avec des objets
recyclables... Tout est trempé. Ce n'est pas grave, on construit
une usine à côté, une méga centrifugeuse qui va tout mélanger et
envoyer au trou 1 750 000 tonnes dans les 25 ans qui
viennent. Quelques recyclables sortiront sur des tapis roulants,
puis, à la sortie, 30% iront dans le trou et 70% en incinération.
C'est Longo, adjoint
Rassemblement national de Fréjus, qui est chef de l'usine à
ordures.
On a tout fait à l'envers.
C'est le contraire qu'il fallait
faire. Si on avait véritablement trié à la source, on n'en
mettrait pas autant dans le trou, on n'en brûlerait pas autant, et
on pourrait recycler davantage.
Les déchets ultimes seraient
alors véritablement ultimes. Ce qu'ils ne sont pas aujourd'hui.
L'ultime est d'ailleurs différent d'une ville à l'autre, puisque
chaque maire reste maître chez lui.
Les élus ont choisi la
solution la plus onéreuse, la moins favorable pour le
réchauffement climatique, la moins favorable pour la protection
des espèces, la moins favorable au tri citoyen et la plus
favorable au gaspillage.
Contrairement à ce qui est dit,
ce genre de trou:
- détruit du vivant protégé par
la législation française et des conventions internationales,
- contribue à l'artificialisation
du sol, malgré les mesures de compensation,
- peut rejeter des eaux de
percolation par accident ou pluies intenses,
- peut prendre feu,
- rejette des gaz polluants
et des gaz contribuant à l'effet de serre, comme le méthane.
Le trou voisin, en fragile
équilibre, va continuer à être surélevé pendant deux ans.
La loi impose de trier les
poubelles dans vingt mois.
Respecterons-nous la loi dans nos
belles villes du bord de mer?
Oui, oui, disent les élus.
J'en doute! Une partie de
l'argent englouti dans le BTP aurait dû servir à l'éducation
citoyenne et à l'organisation de la collecte et du compostage des
fermentescibles.
Quelle farce!
En attendant, le maire de Bagnols
est content. Sa commune va toucher 500 000 € chaque année.
12
millions et demi pendant la durée de l'exploitation!
Les trois mille Bagnolais pourront se payer que sais-je: une piscine, une
maison de la culture et des terrains de boules.
Bon d'accord, ça risque de puer. Mais après tout, l'argent n'a
pas d'odeur.
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