La grève des éboueurs, contre le projet de réforme des retraites, laisse les grandes villes envahies par les déchets.
Stéphane Frioux, maître de conférences en histoire contemporaine, nous raconte comment les habitants s'y prenaient pour les gérer au fil du temps.
Il y a 2000 ans, on enterrait les déchets ménagers sans les trier, comme aujourd'hui à Bagnols.
Il y avait très peu de
déchets non organiques. Les quantités étaient moindres, la
société de consommation n'était pas passée par-là, et le recyclage se faisait naturellement.
Les fouilles des archéologues
de Fréjus ont ainsi permis de mettre à jour les vestiges d'un
dépotoir de potiers en creusant sur la plateforme
romaine.
La plupart du temps, on vivait aussi avec les
déchets. Dans les ruelles du Moyen-Age, "il y avait des porcs
publics pour manger" les restes de nourriture mêlés aux
excréments de toutes sortes.
Jusqu'au XIXème siècle, ces immondices servaient d'engrais pour les paysans qui "venaient les chercher avec des charrettes tirées par des chevaux. Ils rejetaient dans les fossés des campagnes ce qui ne les intéressait pas. L'universitaire parle alors d'une " sorte de complémentarité ville-campagne."
A la fin du XIXème, les paysans refusent les déchets, trop
envahis par la ferraille, le verre et les boîtes de conserve en
fer blanc. "Ils préfèrent les engrais chimiques" apportés
jusqu'à eux par le chemin de fer, précise l'historien.
Les villes font alors appel à des entreprises pour gérer la
propreté. A Paris, en 1883, le préfet Poubelle met en place des
caisses normalisées, sans couvercles, pour faciliter le ramassage.
Le métier d'éboueur est pénible et l'on peine à trouver du
personnel pour le ramassage, comme pour faire fonctionner les
fours. Ce sont les plus pauvres qui s'y collent ainsi que les
populations immigrées.
Aujourd'hui, malgré les automatismes qui allègent l'effort physique, la CGT assure que ces ouvriers ont "une espérance de vie de 12 à 17 ans de moins que l’ensemble des salariés."
Ce n'est certainement pas pour rien qu'ils sont les premiers à monter au créneau contre la retraite à 64 ans.
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