La politique libérale frappe tous les services publics, sans
exception.
On le sait pour la justice, l'hôpital ou l'école (cf l'article
https://forumjulii.blogspot.com/2021/11/ce-quil-est-impossible-dignorer-sur.html).
On le sait moins pour l'Office National des Forêts (ONF),
établissement chargé des forêts de l’État.
L'intérêt général, le service public et l'utilité sociale passent une fois de plus au second plan: nous assistons à une privatisation lente des services de la forêt.
Le gouvernement a renouvelé un contrat avec l'ONF pour couvrir
la période 2021-2025. Mais dès 2019, lors de sa prise de
fonction, le directeur général, Bertrand MUNCH, avait adressé un
courrier au personnel de l'ONF, à propos de la modification
prévue du code forestier.
"Le principal effet", écrivait-il, sera "de généraliser l'accès des personnels de droit privé à l'ensemble des métiers et fonctions de l'établissement. Les recrutements externes se feront désormais très majoritairement avec des collaborateurs salariés."
Il est pourtant essentiel que des fonctionnaires assermentés
restent responsables de la forêt. La laisser au privé la
privera de la protection impartiale permettant de résister aux
pressions exercées par les marchands et les propriétaires. La
préservation du patrimoine forestier du pays et la police des
forêts ont déjà du mal, aujourd'hui, à être assurées par les
fonctionnaires de l’État. Ce n'est pas en privatisant les
fonctions et les missions que la situation s'arrangera.
Aujourd'hui, entre l'Argens et l'Estérel, la Forêt de la
Colle du Rouët est régulièrement envahie par des motos,
des 4x4 et des quads. Les chemins sont labourés et creusés et
leurs barrières sont souvent arrachées. La faune est perturbée,
alors que nous sommes dans une zone de préservation de la
biodiversité (zone Natura 2000 et ZNIEFF). Alors,
demain...
Il est loin le temps où les agents de l'ONF pouvaient
s'associer aux écoles pour apprendre à mieux connaître la forêt.
Le travail en commun que nous avions pu mettre en place a dû
cesser au milieu des années 2000.
La logique est toujours la même: on diminue les budgets, on
constate des dysfonctionnements, on se lamente et on privatise.
Pour boucler les fins de mois, l’État vend en masse, fait la
manche, transfère ses charges et diminue ses effectifs.
Sacrifiant au court terme, il exige des coupes commerciales en hausse constante dans les forêts de France.
Il a créé un fonds pour la forêt, afin de récolter des dons,
tout en augmentant la contribution des communes forestières de
36%.
Quant aux effectifs, ils sont passés de 16 000 à moins de 9000 en trente ans, alors que les besoins s'accroissent en raison des problèmes liés au dérèglement climatique.
Nb: On peut lire sur ce sujet l'excellent article de Véronique Georges dans le Var-matin du 24/11/2021.
En tout point en accord avec vous, et en total désaccord avec cette gouvernance de cet établissement, principal héritier des Eaux et Forêts. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir tiré la sonnette d'alarme tout au long de ma carrière au travers de mon syndicat le SNU/CFDT, notamment à la suite du 1°PPO de s années 90. Mais cette dérive du "tout rentable" est bien plus ancienne, nous en avons fait les frais dès 1980. Je vous recommande l'article de Wikipédia si vous chercher la définition de l'Office National des Forêts, qui résume parfaitement cette déchéance (si toutefois il existe encore comme tel)
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