mercredi 17 novembre 2021

A propos des études supérieures et de l'égalité

 Après les inégalités d'origines familiales, l'inégalité de traitement de l'école est la principale source des inégalités ultérieures.

J'entends par école, la totalité du parcours, de la maternelle à l'enseignement supérieur.

L'égalité formelle, voulue dès la révolution de 1789 et sans cesse réaffirmée, est encore loin de rencontrer l'égalité réelle, malgré les progrès réalisés dans la deuxième moitié du siècle dernier.

Des inégalités considérables existent toujours chez nos bacheliers:

- en raison de la nature du bac considéré,

- en raison de la moindre connaissance des informations et des codes dans les milieux populaires,

- en raison des problèmes financiers,

- mais aussi en raison des structures éducatives existantes.

J'évoquerai aujourd'hui ces trois derniers points.

On semble éloigné de la situation rencontrée aux États-Unis, où l'accès aux universités les plus prestigieuses peut se négocier en dollars sous le manteau, pour les plus riches dont la progéniture n'a pas le niveau requis.

En France, et parce que nous sommes la "patrie des droits de l'homme", les inégalités sont moins voyantes mais tout aussi hypocrites. L’État met trois fois plus d'argent dans la filière sélective des classes prépas, par exemple, que dans l'université. Cela renforce objectivement les inégalités sans perturber ni les âmes, ni le mythe républicain. L'argent public renforce la ségrégation.

Pour l'ensemble des dépenses éducatives, du primaire au supérieur, les écarts financiers sont abyssaux:

Les 10% les moins bénéficiaires reçoivent 70 000€ alors que les 10% les mieux dotés reçoivent entre 200 000€ et 300 000€. 


Les élèves défavorisés représentent 36% d'une classe d'âge.

Ils sont 20% en master à l'université, 8% à Sciences Po Paris, 3% à HEC et 0% à Polytechnique.

Les élèves très favorisés représentent 23% d'une classe d'âge.

Ils sont 47% en master à l'université, 73% à Sciences Po Paris, 89% à HEC et 92% à Polytechnique.

Aucune amélioration mesurable de la mixité sociale n'a eu lieu depuis 2000.

Tous ces constats parlent d'eux-mêmes.

Une véritable formation sur les études, les professions et la connaissance des codes doit être mise en place dans les cursus scolaires des collèges et des lycées.

Des bourses et des logements étudiants doivent être créés. Le projet de création d'un campus à Fréjus accueillant, entre autre, des étudiants en proximité allait dans cette direction. A l'élection municipale, nous étions les seuls à l'avoir inscrit dans notre programme.

Méfiez-vous de ceux qui mettent en avant l'assistanat pour refuser d'aider les plus modestes. Ils laissent
des étudiants s'entasser dans les amphis des universités et ont leurs propres stratégies. 

Ils n'hésitent pas, par exemple, à louer pour leur progéniture des appartements dans le secteur des bonnes prépas, ou à payer des "écuries" pour préparer le concours de médecine!

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