Non, le Rassemblement National (RN) n'est pas du côté des plus modestes.
Le Rassemblement National a pris pour habitude de donner des solutions très simples à des problèmes complexes.
Il utilise pour cela un langage suffisamment flou pour dissimuler ses véritables objectifs.
Je prendrai quelques-unes de ses propositions sur l'école, à titre d'exemple, mais la logique vaudrait pour la quasi totalité de ses propositions.
Le point 99 du dernier programme de Marine Le Pen propose de "Rétablir l'égalité réelle et la méritocratie en refusant le principe de discrimination positive."
Rétablir l'égalité, c'est bien. Encore que "rétablir" s'inscrit d'emblée dans un discours réactionnaire pour conduire le lecteur à l'école fantasmée d'avant, nécessairement meilleure que l'actuelle selon elle, où règne le désordre depuis mai 68.
Si en plus elle est "réelle", c'est mieux. Faire de l'école le lieu de "la méritocratie", c'est bien encore. On ne peut qu'adhérer.
Quant à refuser "la discrimination positive", c'est un peu plus compliqué et on peut ne pas y prêter attention.
Bref, on peut donc penser que ce point 99 est un "bon point", pour reprendre un vieil outil de récompense que le RN ne désavouerait certainement pas.
Marine Le Pen ne manque pas, par ailleurs, de condamner l'école et "le système", au détour de quelques interviews: "Je ne reviendrai pas sur la situation de l’école en France, après un quasi demi-siècle de démantèlement continu sous l’emprise d’une idéologie pédagogiste mortifère qui veut faire de l’École un lieu de vie ludique et festif dont l’élève serait le centre" ( Discours sur les enseignants patriotes, en 2013).
Et le tour est joué: c'est simple, c'est apparemment compréhensible et ceux qui veulent des solutions à leurs situations précaires, adoptent sans hésiter le discours de ceux qui ont compris comment régler les problèmes du monde, et les leurs en particulier.
Marine Le Pen, elle est donc pour l'ascenseur social et les parents pensent que leurs gosses s'en sortiront grâce à ces mesures de bon sens.
Il s'agit, bien sûr, de ne pas dire clairement que les plus faibles seront les premières victimes de sa politique.
Il n'y a apparemment plus d'idéologie là dedans. On n'est plus au temps du père!
Pour la dédiabolisation, elle s'attaque au laxisme, à la décadence et à l'impuissance publique.
Le lecteur rapide n'a pas saisi que "l'égalité réelle" façon RN, c'est la suppression des ZEP-REP et REP+, qui sont la "discrimination positive" créée par la gauche en 1981, pour aider les enfants des milieux populaires, qui votent maintenant pour le RN et ses solutions simples.
Pour s'en tenir à l'école, on pourrait suivre le même raisonnement:
- pour la déscolarisation des enfants de 14 ans en difficulté scolaire qui sont essentiellement issus des milieux populaires (point 81 du programme),
- ou pour le renforcement de la dualité grandes écoles-universités qui freine l'accès des bacheliers issus de milieux populaires aux meilleurs emplois (point 106).
Tout cela ne l'empêche pas, avec une certaine perfidie, d'évoquer Jean Zay (point 102), ministre de l'éducation du Front populaire, que la milice française a fusillé en 1944.
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