mardi 2 mai 2023

"Mon" Léotard

     

En juillet 1996, je suis arrivé sur la circonscription de Fréjus/Saint-Raphaël. Avec 390 enseignants et 8000 élèves, elle était assez chargée. Les bureaux, situés à l'étage de l'école Turcan, étaient vétustes.

J'étais précédemment en poste dans une sous-préfecture dirigée par un ancien ministre RPR. J'avais, paraît-il, le profil pour travailler avec un ancien ministre UDF. Allez comprendre le ministère!

Le fait est que ce fut très facile de travailler avec François Léotard..

Lors de notre première rencontre, quelques problèmes en cours ont été réglés sans attendre: toiture dégradée de l'école de Fréjus-Plage, agréments d'éducateurs sportifs intervenant dans les écoles et scolarisation des enfants de la Gabelle. 

Sur ce dernier point, on ne s'était pas compris du premier coup. Je m'inquiétai de l'absence de mixité. Il avait compris écart de maturité entre filles et garçons, les filles étant toujours un peu plus précoces que les garçons, disait-il.

En fait, je m'inquiétais de mixité sociale pour un quartier un peu replié sur lui-même. En un quart d'heure, nous avons trouvé une solution commune qui a perduré avantageusement pour les élèves... jusqu'à mon départ à la retraite. L'intelligence était vive et les décisions rapides.

Je garderai de lui le grand éclat de rire qui fut le sien lors d'une visite commune dans une classe de CM2 de Saint-Raphaël..

La classe était victorieuse d'un concours organisé par l'Assemblée nationale, appelé "le parlement des enfants." Les élèves exposaient leur proposition de loi devant le député et l'inspecteur.

A la fin de l'exposé et des échanges avec François Léotard, et alors que les élèves étaient partis en récréation, une élève à la fois timide et téméraire, vint se planter devant nous, en demandant si elle pouvait poser une dernière question.

Le député, qui s'était prêté au jeu avec un réel intérêt l'accueillit avec le large sourire qu'on lui connaissait. Elle lui demanda alors, en tortillant son t-shirt: "Est-ce que c'est vrai que vous allez arrêter la politique?" François Léotard détailla avec gentillesse des soucis de santé qu'elle comprit très bien, avant de lui poser une deuxième question, qui provoqua l'éclat de rire et la fuite de l'élève frondeuse dans la cour.

Je garde pour moi cette deuxième question, qui restera un temps fort dans l'exercice de mon métier d'inspecteur.

François Léotard abandonna effectivement la politique un peu plus tard. Pour l'espace de responsabilité qui était le mien, l’Éducation nationale, j'avais déjà regretté son départ de la mairie de Fréjus.

Entre temps, un nouveau maire était arrivé et comme me le déclara à l'époque une de ses adjointes, en tapant de son petit poing sur son bureau, "la loi, à Fréjus, c'est nous qui la faisons!"

Effectivement, quelque chose avait changé...

                                                  

Le Conseil Constitutionnel dira le 3 mai  si la deuxième proposition de loi visant à "interdire un âge légal de départ à la retraite supérieur à 62 ans" est conforme à la Constitution. 

Rendez-vous demain à 18 heures, près de la Grande Roue de Saint-Raphaël, au moment où il rendra son avis.



1 commentaire:

  1. Je faisais parti de ces élèves du quartier de la gabelle qui ont été scolarisés à Alphonse Karr. Cette mixité sociale m’a été d’une grande aide. Je remercie tous ceux qui ont participé au projet.

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