jeudi 25 mai 2023

Le service public, bon sang!


Un schizophrène, malade depuis près de 40 ans a assassiné une infirmière sur son lieu de travail. 
 
L'assassin s'est "vengé des blouses blanches".

Paranoïa, curatelle renforcée pour protéger le malade, gérer ses dépenses et protéger son patrimoine.

Puis le drame. Récidiviste.

Douleur des collègues proches, des soignants de France. Minute de silence. Deux enfants qui ont perdu leur mère. L'horreur.

La folie... Sur le cheminement conduisant à l'acte, on ne peut rien dire de plus. La police, la justice et les médecins feront leur travail.

Le ministre de la santé, lui, réunit un comité...

Si on sort de l'émotion, si cela est possible, on doit néanmoins s'interroger sur la situation de la médecine, de la psychiatrie et du service public, d'une façon plus générale.

Sans pour autant établir un lien direct avec ce meurtre, dont on ne connaît pas encore le cheminement.

L'hôpital souffre. La psychiatrie est en détresse: 20% des postes de psychiatres ne sont pas pourvus et la spécialité est la moins prisée des étudiants en médecine.

La demande de soins est forte depuis une vingtaine d'années et a encore augmenté à cause de la Covid.

Au même moment, l'ordre des médecins publie le résultat de son enquête: les violences contre les soignants ont augmenté de 23% en un an.

Les médecins manquent, à cause du numerus clausus.

30% des élèves infirmiers abandonnent en cours d'étude.

A l’Éducation nationale, ça ne va guère mieux.
Les professeurs boudent les concours: salaires faibles, métiers difficiles, formation lacunaire.

On recrute des contractuels en une demi-heure sur un coin de table et on les balance sans formation dans les classes.
 
L'important est d'avoir un adulte dans chaque classe. Les apprentissages, on verra plus tard...

Dans ces deux services publics, les professionnels se désespèrent.

Les patients patientent, les parents d'élèves portent plainte.

Le ministre de l’Éducation, lui, va inscrire un numéro d'urgence dans les cahiers de correspondance et promet de mieux former les CPE...

Les médias s'emportent: il faut des vigiles qui vigilent, des policiers qui policent, des caméras qui filment, des juges qui jugent, des expulseurs qui expulsent...

Le problème est réel mais doit trouver de véritables solutions.

Cela fait des années qu'on bride les moyens de l'hôpital et qu'on supprime des lits.

Partout, les services sont saturés et les personnels épuisés.

Il y a quatre mois, les urgences de l'hôpital Bonnet avaient dû fermer.

Les crispations sont fortes.

Le service public et ceux qui le portent à bout de bras, doivent retrouver la place et la dignité que le pays leur doit.

Dans l'intérêt des petits citoyens des écoles, dans l'intérêt de tous les citoyens qui seront un jour malades.



 

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