Rogation, rogations et dérogations

 

Dans l'antiquité, on appelait "rogation" (au singulier) un projet de loi soumis à l'approbation du peuple. C'était chez les Gaulois, comme disent les extrêmes.

Dans la modernité macronienne, on s'est débarrassé de la "rogation" et on utilise le 49-3.

Et tout cela énerve profondément le citoyen qui déambule dans le pays, depuis des mois.

Mais il n'y a pas que le citoyen qui déambule, il y a aussi le "peuple chrétien."

En mars dernier, le diocèse et la ville de Perpignan se sont mis d'accord pour le faire déambuler dans l'espoir de... faire tomber la pluie.

Non, non, je suis sérieux. Il y a plus de 150 ans qu'on n'avait pas vu ça.

Et que s'est-il passé?

Pendant la procession, les premières gouttes sont tombées et en 3 heures, l'équivalent de 3 semaines de pluies de mars sont descendues du ciel!

Le maire de Perpignan, ancien concubin de Marine Le Pen et vice-président du Rassemblement national (RN), était aux anges.

Eh bien toute cette eau n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd.

Dimanche prochain, l'évêque de Fréjus-Toulon va organiser des "rogations" du côté de la Nartuby, affluent bientôt à sec de notre Argens.

Mais attention, les "rogations" (au pluriel) n'ont rien à voir avec les projets de loi. Dans la liturgie, ce sont les prières publiques qui ont lieu autour de l'Ascension, dans l'espoir d'attirer la bénédiction divine.

Il s'agit rien de moins, vous l'avez compris, que de renouveler l'exploit de Perpignan: faire pleuvoir!

Le bon député RN du coin va accompagner ce peuple-là, car il "s'associe à toutes les démarches et réflexions qui concernent le sujet de l'eau."

Espérons qu'il n'y aura pas de "dérogations" pour ces "rogations" qui , de façon terre à terre, devraient être soumises à déclaration préalable aux autorités.

Décidément, le RN fait feu de toute flotte et s'il pleut dimanche, vous saurez d'où ça vient!