Pourquoi la France a-t-elle perdu autant d'emplois industriels?
La France a divisé par deux le nombre de ses emplois industriels en un demi-siècle, mais c'est surtout la mondialisation des années 90 qui a rendu le phénomène perceptible au plus grand nombre. Les économies, essentiellement nationales, se sont ouvertes sur le monde en provoquant un système de libre échange des idées, de l'argent, des biens produits et des personnes. Sans frontières, tout s'est mis en branle autour d'une planète qui s'essouffle et qui souffre, en déléguant aux plus pauvres les industries les plus destructrices, mais aussi quelques autres.
De nombreuses entreprises ont profité de ces formes de libertés
pour délocaliser les outils de production avec le souci de gagner
le maximum dans le minimum de temps. Tout en sachant pertinemment
que ça ne durerait pas. C'était le début des entreprises sans
usines.
Certains pays pauvres ont profité de ces transferts, au prix de
l'exploitation outrancière d'une génération besogneuse et mal
protégée. Génération qui travaillait en permettant des fortunes
colossales tout autour de la planète, mais en donnant un peu plus
de pouvoir d'achat pour nos pauvres à nous. Ces derniers ont
profité de la manne. Beaucoup, beaucoup moins que les riches, mais
tout de même un peu. A tel point que lorsque le système s'est
essoufflé, les classes moyennes inférieures sont descendues dans
la rue (les plus pauvres se font peu entendre).
Les décideurs de l'époque pensaient qu'une forme de "supériorité naturelle" permettait de conserver chez nous la recherche et le développement. La tête dans les étoiles à Paris la Défense et les mains dans le cambouis en Inde et en Chine. Sauf que les enfants des générations sacrifiées de ces pays pauvres ont compris le système et sont sortis du cambouis.
Ils ont monté en gamme leurs productions, ont "fabriqué" des
millions de chercheurs et d'ingénieurs en grignotant
méthodiquement nos parts de marchés. Nous sommes devenus le pays
le plus désindustrialisé des grandes puissances, provoquant un
déficit extérieur abyssal. Il se monte à 86 milliards en 2021 et
on prévoit 95 milliards en 2022, pendant que l'Allemagne est
excédentaire de 200 milliards.
On se fait même distancer sur nos points forts. Alors que nous
sommes le plus gros exportateur de patates, on trouve le moyen
d'être largement déficitaire en produits transformés, comme les
flocons de purée ou les chips. Essayez donc de trouver une
tronçonneuse ou un téléviseur français! Sans parler des
médicaments dont le manque a été révélé lors de la crise de la
Covid.
Enfin, notre positionnement dans le milieu de gamme (pour l'automobile, par exemple) et l'absence d'entreprises de tailles intermédiaires (contrairement à notre principal partenaire allemand) a accentué la désindustrialisation.
Et maintenant, vous voulez des chips?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire