Pour illustrer les liens existant entre le réseau Atlas et l'action politique sur l'école, je reproduis ci-dessous un extrait de l'étude intitulé "A l'assaut de l'Education nationale".
"L’un des plus anciens think tanks français lié au réseau Atlas est
aussi l’un des plus actifs aujourd’hui : la Fondation pour la recherche
sur les administrations et les politiques publiques (Ifrap), fondée en
1985. L’Ifrap, qui a pour objectif la production de recherches et
publications sur les dépenses publiques, est partenaire d’Atlas depuis
ses débuts." Il est selon l'étude, le lobby des 10% les plus riches. Son
visage le plus connu est celui d'Agnès Verdier-Molinié.
"En dehors de la quantification des passages dans les médias, il est compliqué de mesurer l’impact de think tanks sur le « climat des idées ». De même, les décisions politiques résultent de nombreuses influences ainsi que des convictions des personnes qui les prennent. La suppression de l’ISF peut être revendiquée comme une victoire de l’Ifrap, mais il est impossible de la lui attribuer totalement : il s’agissait d’une demande venant de plusieurs acteurs, et dont Emmanuel Macron pouvait déjà être convaincu du bien-fondé. Sans pouvoir parfaitement définir les contours de son influence, il existe un domaine où les idées promues par l’Ifrap (et d’autres partenaires du réseau Atlas) semblent particulièrement progresser : l’éducation.
Peut-être parce que Christophe Kerrero, membre du conseil scientifique du think tank, a travaillé pour le cabinet du ministre de l’Éducation Luc Chatel de 2009 à 2012, puis été directeur de celui de Jean-Michel Blanquer de 2017 à 2020 ? Peut-être aussi parce qu’Agnès Verdier-Molinié a l’oreille de Gabriel Attal?
Reste que si l’on compare les propositions de l’Ifrap dans le domaine éducatif* et les projets portés par les ministres récents (Gabriel Attal, puis Nicole Belloubet), on constate beaucoup de similarités.
- Le think tank voulait recentrer les programmes sur les fondamentaux ; Gabriel Attal annonce le renforcement de l’enseignement des mathématiques et du français.
- L’Ifrap recommandait le tutorat et des groupes de compétences ; les ministres mettent en place des groupes de niveaux (ou groupes de besoin).
- L’Ifrap considérait qu’il faut plus de stages et de découverte professionnelle ; Attal instaure un stage en juin pour les élèves de seconde.
- L’Ifrap recommandait de conditionner l’accès au lycée à l’obtention du brevet ; Attal déclare que ce sera le cas**.
Toutes les demandes du think tank ne sont pas encore reprises par le gouvernement actuel. Mais d’autres politiques les soutiennent. L’instauration de la bivalence des professeurs (enseignement de deux matières) et l’autonomie des établissements scolaires sont deux recommandations de l’Ifrap que l’on retrouve dans une proposition de loi du sénateur Républicain Max Brisson, adoptée en première lecture par le Sénat et transmise à l’Assemblée nationale en avril 2023.
Un autre organisme, "Contribuables associés," proclame que l'école publique "serait le nid du "wokisme", contraignant les parents à se réfugier dans le privé. C'est aussi l'occasion de plaider pour un "chèque éducation" et la privatisation du système éducatif."
*« Collège unique : les réformes à faire », Fondation Ifrap, 3 juin 2015
-
https://www.ifrap.org/education-et-culture/college-unique-les-reformes-faire
**Sophie Cazaux, « Le brevet va devenir plus difficile et
indispensable pour accéder directement au lycée », BFM, 5 décembre 2023 -
https://www.bfmtv.com/societe/education/le-brevet-va-devenir-plus-dur-et-indispensable-pour-acceder-directement-au-lycee_AN-202312050444.html
"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire