dimanche 22 octobre 2023

Enquêtes publiques de la promenade des bains

 

Pour des raisons personnelles, qui n'ont rien à voir avec la politique, je suspends à partir d'aujourd'hui la publication de ce Blog.

Ce dernier article est le 693ème en 5 ans. Il reproduit mes observations portées aux enquêtes publiques de "la promenade des bains."


Tableau de bord du Blog au 21 octobre 2023:


Si vous le souhaitez, il vous reste jusqu'au 3 novembre pour formuler vos observations pour ces enquêtes.



         Observations concernant les enquêtes publiques de la promenade des bains


 

Les concepteurs de ce projet indiquent vouloir faire évoluer les mobilités du front de mer, pour des raisons liées au tourisme, à l'économie, au bien-être des habitants et au réchauffement climatique.  

Le diagnostic est bon.

Le 6e rapport du GIEC précise en effet à ce sujet, qu'avec 31%, les transports représentent le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France. 

Notre bord de mer a besoin d'une esthétique revisitée et j'y suis favorable.

Les solutions proposées seront désastreuses.

En effet, si le diagnostic est bien posé, les solutions proposées vont à l'encontre de ce qu'il conviendrait de faire.

C'est un projet anachronique, dépassé avant même d'exister, qui n'a pas intégré que l'avenir proche ne sera plus tout à fait comme avant.

Des décideurs pompidoliens tentent de prolonger les "Trente glorieuses" à Fréjus/Saint-Raphaël.

"Que voulez-vous, le Français aime la bagnole…" disait l'ancien président, plagié récemment par le président actuel.

Eh! oui, la bagnole restera au centre de ce projet: elle continuera d'embouteiller le bord de mer le long des commerces, on la fera circuler à l'arrière sur des voies parallèles et on la fera venir au bord de la plage, pour la stocker dans des silos souterrains de six étages. Les conflits d'usage persisteront et de nouveaux seront créés.

1°) Avant l'enquête:

1-1 Une démocratie participative qui n'en est pas une

On nous a expliqué que toute la démarche était une démarche de démocratie participative. Il n'en est rien: tout était ficelé à l'avance et rien n'a vraiment changé entre le projet présenté sous forme de show grandiose réalisé dans un gymnase, les brochures de luxe, les explications fournies dans un bureau du bord de mer et l'enquête présente.

1-2 Le sondage

La presse locale et les bulletins municipaux ont largement relayé, comme les documents de cette enquête publique, que "87% de la population était favorable à ce projet."

Ce résultat est tiré d'un sondage commandé pour l'occasion et dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est susceptible d'être porteur de quelques biais. J'invite messieurs les commissaires enquêteurs à le regarder de près.

Je prendrai, à titre d'exemple, un passage concernant le parking souterrain. 

Il est tout à fait normal que des gens sondés par téléphone, surpris à leur domicile, répondent qu'ils préfèrent "un parking souterrain afin de créer un espace public permettant de maintenir les activités de loisirs et les marchés qui s'y tiennent aujourd'hui" plutôt qu'un "parking en surface à plusieurs étages pour amortir plus rapidement le prix du parking, quitte à supprimer la place de la République."

Le sondé n'avait que deux possibilités:

- Avec le souterrain, il conservait le terrain de boules et le marché.

- Sans souterrain, on lui construisait un parking de plusieurs étages en surface, qui allait cacher la plage et la mer. On supprimait le terrain de boules et probablement aussi le marché.

Pour moi, le biais est évident.

Ce type de sondage n'a rien à voir avec "la démocratie participative" affichée par les décideurs. Si on avait voulu obliger les gens à ne voir que ce qu'on leur montre, on ne s'y serait pas pris autrement.

2°) Le trait de côte:

Une liste nationale voulue par le législateur a été créée "pour préserver le littoral et assurer la sécurité des personnes et des biens."

La loi climat et résilience du 24 août 2021 a entre autres pour objectif, "d'adapter les territoires aux effets du dérèglement climatique."

L'article 242 demande d'élaborer "des cartographies du trait de côte."

L'article 243, demande de "prendre en compte le recul du trait de côte dans les schémas de cohérence territoriale (SCoT) et les plans locaux d'urbanisme (PLU)."

Le décret n° 2023-698 du 31 juillet 2023 établit "la liste des communes dont l'action en matière d'urbanisme et la politique d'aménagement doivent être adaptées aux phénomènes hydrosédimentaires entraînant l'érosion du littoral," avec entrée en vigueur le 2 août 2023.

Sur cette liste nationale, près d'un millier de villes côtières sont répertoriées.

Je n'y ai pas trouvé nos deux villes jumelles. Est-ce pour les raisons formulées au conseil municipal de février 2022 à Saint-Raphaël? 

Il avait été dit que "les communes qui figureront sur cette liste seront soumises à des contraintes fortes comme celles consistant à définir des zones inconstructibles par principe ou d’informer les acquéreurs du risque d’érosion."

3°) Le coût:

Avec une dette de l'ordre de 150 millions, FRÉJUS est une des villes les plus endettées de sa catégorie.

Emprunter par le biais de la communauté d'agglomération dissimule un endettement direct qui sera pourtant là pour de nombreuses années.

Le coût global de l'opération serait de 65 millions avec un emprunt de 26 millions. FRÉJUS n'a pas les moyens d'une telle opération et en particulier de la construction du parking dont le coût doit être voisin de 15 millions.

4°) Le parking:

Les documents fournis par l'enquête publique devraient être plus rigoureux. Ils ne permettent pas de connaître avec certitude la taille de la construction. Certains articles parlent de 300 places, d'autres de 409...

Ce parking n'a pas sa place à cet endroit.

- On va polluer les plages.

Faire délibérément venir des véhicules, qui sont encore majoritairement thermiques, à proximité d'une plage, c'est organiser la pollution de cette dernière.

Si parkings il doit y avoir, ils doivent être construits en amont, plus au nord, et transporter les usagers avec des navettes électriques payées par le prix du stationnement en saison estivale.

- On va abîmer le climat et la biodiversité.

Le béton utilisé pour la construction aura un coût environnemental très élevé.

7% des gaz à effet de serre proviennent du béton lui-même, sans compter l'épuisement des sables et les impacts sur la biodiversité.

- On va faire prendre des risques inutiles à la population.

L’État conseille à juste titre "d'éviter d'aggraver la vulnérabilité en orientant le développement urbain en dehors des zones à risque."  

Il cherche à limiter les constructions de ce type afin de ne pas compliquer exagérément les gestions de crise

C'est pourquoi il interdit globalement de construire des parkings souterrains en zone d'aléa fort.

Mais une exception reste possible, si toutes les conditions suivantes sont satisfaites:

    - projet situé en centre urbain dense,

    - projet situé au sein de "dents creuses",

    - projet lié au besoin d'une opération de construction,

    - avoir une plateforme située au moins à 0,70 mètres au-dessus du niveau naturel,

    - garantir l'évacuation des personnes et disposer de pompes,

    - prévenir les submersions d'une hauteur au moins supérieure à 1 mètre par rapport au terrain naturel,

    - réaliser une construction qui ne fasse pas obstacle au mouvement des eaux.

L'aléa de référence est celui de l'an 2100, qui intègre une élévation du niveau de la mer de 60 cm.

- On va remplacer la place de la République par un bâtiment de 7 mètres de hauteur.

Ce bâtiment sera perpendiculaire au bord de mer, occupera une surface telle qu'il réduira la taille des terrains de boules de près de moitié.

Les arbres végéteront car ils seront plantés en l'absence de sol profond sur la dalle.

Je ne vois pas comment le marché pourra conserver sa place.

Comme je l'ai précisé à la réunion publique d'octobre 2022, j'espère que les services de l’État seront raisonnables et diront non à ce parking.

- Le permis de construire

Il est incomplet et pas conforme. On peut au moins évoquer une forme de légèreté dans la rédaction des documents.

- Les risques

Pris un par un, les concepteurs assurent qu'ils ont tout prévu et qu'il n'y aura pas de risques d'inondation, pas de risques de submersion, pas de risques liés à la nappe.

Fort à propos la MRAe signale que ces phénomènes peuvent être cumulatifs et avoir des conséquences. 

A propos des cumuls, je pense qu'il serait opportun de s'assurer auprès du BRGM qu'il n'y aura pas non plus de phénomènes de subsidences liés au nombre très important des constructions d'immeubles dans le secteur et aux sédiments apportés par l'embouchure de l'Argens très proche. Il n'en est pas fait état dans cette enquête publique alors qu'elle peut être parfois plus élevée que celle du niveau marin.  

5°) Les îlots de chaleur

Le seul véritable enjeu paysager qui vaille est celui qui permettra d'ombrager réellement les espaces, avec des espèces très couvrantes. Les arbres "de la période belle époque" n'ont rien à y faire s'ils ne jouent pas ce rôle (palmiers par exemple, qui sont de surcroît attaqués par les charançons.)  

Les maquettes présentées ne font pas apparaître une telle couverture.

6°) Les mobilités

Le front de mer doit être entièrement réservé à des mobilités douces.

Des conflits d'usages seront créés en mettant sur le même circuit des vélos et des navettes électriques. Les deux doivent être séparés.

Des navettes de plus petites tailles devraient être gérées par intelligence artificielle et pouvoir circuler sur des pistes dédiées (cf §4), avec une fréquence comparable à celle d'un métro.

7°) Mine de rien, en passant...

L'architecte des bâtiments de France fait remarquer qu'il n'est pas très opportun, dans notre région de placer des garde-corps vitrés (effet de loupe garanti!).

Le responsable de la DDTM signale, en passant, que le projet empiète sur le domaine maritime... 

A propos de la qualité de l'air, "la MRAe recommande de reprendre l’étude de trafic en incluant les augmentations de trafic induites par la réalisation des projets d’habitats collectifs prévus par le PLU à proximité." Aucune étude n'a été faite à propos de la qualité de l'air.

Ceci est d'autant plus justifié que cette qualité de l'air à Fréjus est très médiocre. Le 21 octobre 2020, une étude publiée par l'Alliance européenne pour la santé publique classait Fréjus dans les 10 villes où le coût de la pollution était le plus élevé, parmi un échantillon de 432 villes en Europe. La facture s'élevait alors à 990€ par habitant et par an.

Voir à ce sujet: https://forumjulii.blogspot.com/2021/02/la-pollution-de-lair-frejus.html

Qu'en pensent les commissaires enquêteurs?

9°) Quelques folies dans la ville voisine

Je laisserai le soins aux Raphaëlois de formuler leurs observations.

Mais il n'est pas possible de passer sous silence l'épi Diana et son béton, ainsi que les 7 locaux de la plage du Veillat dont on renforcera les baies par des "dispositifs amovibles" afin de "résister à des pressions hydrodynamiques de 1.5 t/m², face aux conditions de tempêtes."

Conclusion:

Ce projet est d'un autre âge.

Il ne prend pas réellement en compte les modifications engendrées par le dérèglement climatique.

Il accorde une trop grande place à la mobilité individuelle, entraînant sur le bord de mer des pollutions qui ne devraient pas être.

Il n'a pas réussi à créer de véritables îlots de fraîcheur.

Il doit être revu sur les points décrits dans les 9 paragraphes ci-dessus et ne peut être appliqué en l'état.

                                                                                                                      

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