mercredi 8 décembre 2021

Les croissances et leur mesure

‌On mesure la croissance économique à l'aide du fameux PIB (produit intérieur brut) qui est la somme des richesses créées dans un pays.

La croissance, mesurée seulement depuis la révolution industrielle, devrait être un moyen. Elle est devenue une fin et semble ignorer qu'elle peut se présenter sous deux visages: quantitatif et qualitatif.

Pour nous aider à distinguer les deux, le physicien américain Dennis Meadows utilise une comparaison accessible, en parlant de son enfant. Quand il avait cinq ans ou dix ou quinze, il était fier de montrer sa croissance à ses proches et sa pleine santé.

Si en arrivant à 18 ou 20 ans, il avait continué à grandir sans limite, il se serait senti beaucoup moins fier et n'aurait pas autant cherché à le montrer. Cette croissance, quantitative, a des limites.

Par contre, s'il devait poursuivre des études brillantes ou apprendre un bon métier, il n'aurait pas hésité à exposer le bel adulte en devenir, fier d'une belle croissance qualitative.

Nous sommes dans la même situation. Il nous faut passer d'une croissance quantitative (celle de la Chine, par exemple), à une croissance qualitative, pour préserver nos ressources pour les générations futures.

Conserver le PIB comme unité de mesure, c'est privilégier la croissance quantitative au détriment de la seconde. C'est faire semblant de ne pas voir qu'elle n'a bénéficié pleinement qu'à ceux qui ont le plus (les pays riches par rapport aux pays pauvres ou les populations modestes par rapport aux plus riches).

Cet indicateur est aussi très imparfait, car il ne dit rien du bien être social produit, par la santé et l'éducation par exemple. Dans notre système ultra-libéral où l'argent est roi, les décideurs gardent les yeux fixés sur le PIB. C'est pour cela aussi que l'on sous-paie les enseignants, les soignants et tous ceux qui sont au service du bien public.

Le PIB ne dit rien non plus de la destruction des biens environnementaux ou de la pollution par exemple. Non seulement il n'en dit rien, mais en plus il prend en compte comme une richesse, tout ce qui contribue à les "réparer".

Il sous estime également une partie de la richesse produite, pour un tiers environ. Par exemple, la mère de famille (plus rarement le père, mais c'est une autre histoire) qui élève ses enfants à la maison ne comptera pour rien dans le PIB.

Le PIB est un instrument qui ne mesure pas les destructions de la planète mais renforce la croissance pour la croissance.

C'est un instrument qui ne dit rien du bien être social produit.

C'est un instrument qui ne dit rien des inégalités.

C'est un instrument qui ne dit rien de la santé.

C'est un instrument qui ne dit rien de l'éducation.

Devinez qui veut le changer et qui veut le garder, pour mesurer les efforts du monde?

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