Tout comme j'étais allé voir les gilets jaunes sur le rond-point de Fréjus, il y a deux ans, je suis allé discuter cinq samedis après-midi avec des "antivax-antipasse" sur la Base Nature de Fréjus.
Difficile de trouver le dénominateur commun aux multiples
arguments exprimés, tant la bouillie elle-même ne semble pas
tout à fait digérée.
La rage, la colère, peut-être.
Qu'est-ce qu'il peut bien trotter dans la tête de cette mère qui a inscrit "je ne mettrai pas de poison dans mon corps", sur le t-shirt de son gamin de 7 ans?
Les manifestants parlent de "dictature", de "Big
Pharma", des "élites contre le peuple", de "la
copine qui travaille à l'hôpital Bonnet et qui sait des
choses".
On amalgame, la 5G, les ondes, la "dictature sanitaire"
. On soutient Raoult on conspue Macron.
Des catholiques brandissent des croix et disent qu'ils "ne
veulent pas mourir"... Ces derniers n'ont pas dû écouter
le pape pour qui se faire vacciner est "un acte d'amour".
Les réseaux sociaux ont fait leur œuvre. Des militants
d'extrême droite sont à la manœuvre. Quelques insoumis se
tiennent en embuscade. Ce samedi, quelques blouses blanches
défilent en tête du cortège qui s'arrête devant l'entrée du
vaccinodrome, en huant les soignants qui y travaillent.
Et on crie sans cesse, "liberté, liberté, liberté".
Pauvre valeur républicaine, dévoyée et centrée sur l'individu, en fuyant les solidarités incontournables dans la vie sociale.
Quelques agressifs sur la Base, mais pas trop: "Barrez-vous!","Je n'ai rien à te dire!", "T'es qui pour me parler?"
Il y a quelques années encore, la rage et la colère
débouchaient sur des solidarités au service du bien commun,
portées par des associations, des organisations et des
syndicats émancipateurs.
Avant-hier, ils n'étaient plus que 140, rassemblés sur la Base Nature de Fréjus, avant d'aller faire un petit tour et d'y revenir.
L'obscurantisme et l'extrémisme réactionnaire seraient-ils en
passe d'être vaincus?
Je ne le crois pas.
Ces marcheurs ont encore de beaux jours
devant eux, exploités par les manipulateurs de tout poil, qui
font du chacun pour soi une force, sur le dos des plus faibles
et de quelques illuminés.
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