vendredi 20 juin 2025

Le court terme et le long terme: l'effondrement d'une civilisation 3/3

 

Les Polynésiens ont colonisé l'île de Pâques vers 400 après Jésus-Christ et y ont bien vécu en autarcie, pendant plus d'un millier d'années.

Et puis, plus rien. 

Tout s'est arrêté, ne laissant que quelques signes d'une civilisation très développée, dont les statues sont les plus connues (les Moaï).

 

                         

                                                     

L'île garde encore quelques secrets et plusieurs hypothèses expliquent la disparition de cette civilisation. Mais l'explication la plus plausible est la suivante.

Des graines de palmiers, portées par les flots, avaient colonisé l'île. Elle était couverte en abondance par ces arbres, qui furent utilisés pour construire les embarcations indispensables à la pêche aux cétacés, dont les habitants se nourrissaient.

Ce sont ces mêmes palmiers qui permirent de fabriquer les traîneaux permettant de déplacer et dresser les statues.

L'analyse des pollens retrouvés dans la tourbe montre que les derniers palmiers ont été abattus au moment où les dernières statues ont été érigées. C'est aussi à cette époque, vers 1 400, que la consommation d'animaux marins utilisés pour la nourriture, a brutalement cessé. L'analyse et la datation des stocks de déchets en sont les témoins.

les Polynésiens avaient épuisé tout le bois et n'étaient plus en mesure de fabriquer leurs embarcations.

Les oiseaux qui venaient se reproduire sur l'île servirent alors de substituts. Mais cette source de protéines fut très vite surexploitée pour satisfaire la population, toujours plus nombreuse. Des cas de cannibalisme contribuèrent à accélérer l'effondrement. 

Moins de 2 000 habitants, survivant tant bien que mal dans des grottes, étaient encore là, quand les Européens débarquèrent en 1722. Les maladies importées et le massacre des derniers survivants achevèrent le "travail".

Il ne reste pratiquement rien de cette civilisation dont l'anthropologue Jared Diamond explique la disparition par l'absence d'entente entre les différentes tribus. Elles n'avaient pas réussi à s'entendre pour gérer le fragile équilibre d'un environnement aux ressources limitées.

Les habitants ont profité à plein du court terme en sacrifiant le long terme de leur descendance.

Toute ressemblance avec la situation actuelle serait naturellement tout à fait fortuite...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire