Le Rassemblement national a réussi à mettre ses idées fixes au cœur du débat public: les nationaux contre les étrangers et le nationalisme contre le mondialisme.
Notons au passage que le mondialisme n'est pas un choix, mais qu'il s'impose de fait.
C'est essentiellement ce positionnement qui permet à son public
de scander "On est chez nous".
Le parti n'a même plus trop besoin de manifester sa xénophobie et son racisme, comme au temps du père Le Pen. Tout le monde a intégré qu'il avait le monopole, même si de temps en temps Zemmour et quelques autres grignotent des parts de son marché.
Pour élargir son électorat, le RN emprunte des concepts portés
traditionnellement par la gauche et les écologistes. Mais ils
perdent leurs valeurs une fois trempés dans sa soupe habituelle:
la laïcité est instrumentalisée au nom de la sécurité et de
l'identité nationale, l'écologie est punitive, les services
publics, derrière le paravent de "l’État fort", sont en
réalité amoindris (refus de la loi sur la féminisation des
responsabilités dans la fonction publique)...
Pour le RN, la nation est menacée dans son identité par "la mondialisation d'en bas avec l'immigration massive, levier du dumping social mondial et la mondialisation d'en haut avec la financiarisation de l'économie," par exemple. Tout s'organise autour de la peur (plus on a peur, plus on vote vers l'extrême droite). Peur de la "soumission", peur de la "disparition", peur de la "dissolution".
Le parti doit toutefois faire avec ce qu'il a. Ça lui a joué des tours aux dernières élections où de nombreux candidats, pas très propres sur eux, traînaient des restes de complotisme, d'antisémitisme ou de racisme. Mais les "brebis galeuses" de Bardella finissent toujours par revenir...
Pourtant le parti fait ce qu'il peut. Il demande à ses candidats d'être bien habillés, de mettre une cravate. On peut aussi, par exemple, lire dans une brochure interne* de son centre de formation, créé en 1989, quelques conseils bienvenus.
"Pour séduire, il est essentiel, lorsqu'on s'exprime en public, d'éviter les propos outranciers et vulgaires. On peut affirmer la même chose avec autant de vigueur dans un langage posé et accepté par le grand public.
De façon certes caricaturale, au lieu de dire "les bougnoules à la mer", disons qu'il faut "organiser le retour chez eux des immigrés du tiers-monde".
Je pense que cette note interne est effectivement pleine
d'humanité et de bon sens...
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