"Mais où est donc passé le pognon", criait une gilet jaune en 2018?
En 2024, les dépenses publiques représentent 57,2 % du produit intérieur brut (PIB), alors qu'il est de 49,2% pour l'ensemble des pays européens et que nos recettes ont tendance à baisser.
Cela est dû au fait que nous avons pris en charge, collectivement, nos retraites, notre école, notre système de santé et d'une façon générale notre système de protection sociale.
Ces solidarités sont bénéfiques à l'équilibre de notre pays car elles permettent aux différents groupes sociaux de mieux vivre ensemble. Contrairement à une idée reçue, ce n'est pas qu'un truc réservé aux plus modestes. Même s'il est essentiel pour eux, car il s'agit bien de socialiser le hasard en mutualisant l'imprévisible.
Mais l'argent de l’État a aussi des destinations moins connues.
Une part de plus en plus importante est absorbée par l'aide aux
entreprises, sous forme de subventions et par l'intermédiaire de la
fiscalité. Cette aide peut parfois être ponctuellement utile en situation de crise.
Elle a cependant doublé entre 1979 et 2024 (185 milliards, à comparer aux 44 milliards recherchés péniblement par le gouvernement, en ce moment).
Et de plus, elle a augmenté cinq fois plus vite que l'aide aux services publics.
Quelques exemples illustrent bien la situation:
Les fortes aides de l’État aux entreprises, bienvenues pendant la
Covid, ont permis de préserver des emplois. Mais le mauvais calibrage de
ces aides ont permis à certaines d'augmenter fortement leurs marges.
La Cour des comptes a ainsi précisé que les entreprises de plus de
250 salariés avaient capté 50% des aides du Crédit d'Impôt pour la
Compétitivité et l'Emploi (CICE) avec aucun effet sur l'emploi.
Le Crédit impôt recherche a eu son utilité mais, mal contrôlé par l’État, a produit parfois des dérives coûteuses.
ArcelorMittal a ainsi reçu 300 millions d'aide, contre la promesse
d'investir 850 millions pour décarboner son usine de Dunkerque. Et pourtant, cette entreprise vient d'annoncer un plan de licenciement de 636 postes.
Ces processus mis en place depuis des années, conduisent certains économistes à parler d'une forme d'économie particulière à la France.
Ils lui ont même donné un nom et appellent "capitalisme d’État", l'arsenal cumulatif qui permet aux entreprises de
disposer du puits sans fond, que représentent ces soutiens trop souvent
mal dosés et mal évalués.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire