Il faut lire ou relire Le système totalitaire de Hannah Arendt.
"On peut faire croire aux gens les affirmations les plus absurdes un jour, et être cependant assuré que, si le lendemain une preuve irréfutable leur est donnée de la fausseté de ces affirmations, ils se réfugieront dans le cynisme; au lieu d'abandonner les leaders qui les ont trompés, ils prétendront qu'ils ont toujours su qu'il s'agissait d'un mensonge, mais ils admireront leurs leaders pour l'habileté tactique supérieure dont ils ont fait preuve."
Hitler, Mussolini et quelques autres ont ouvert la voie.
Plus récemment, le Washington Post a évalué à 20 mensonges et approximations par jour, le bilan de Trump pendant ses premiers 4 ans de présidence.
Dans le débat de l'an dernier avec Kamala Harris, 33 fausses infos sont sorties, dont le fameux "les immigrés mangent les chiens et les chats."
Le sujet idéal, pour celui qui veut mettre en place un système autoritaire, est celui qui ne sait plus faire la différence entre le réel et la fiction.
Je dirais même, qui accepte de ne plus faire la différence entre le réel et la fiction.
L'essentiel est de réduire l'écart existant entre lui et le chef qu'il a choisi à son image, pour lui permettre de supporter sa propre médiocrité. Point besoin que le chef soit érudit. Au contraire, mieux vaut qu'il reconnaisse en lui la médiocrité qui l'anime.
Cette mise à l'écart de la vérité constitue pour l'école, la science et les démocrates, un véritable défi. Le monde n'a jamais été aussi savant qu'aujourd'hui et pourtant nous vivons depuis quelques années dans un contexte d'aveuglement quasi universel. Nous assistons à la destruction en acte de la pensée.
Je crains que le temps où des politiques entraînaient les citoyens en construisant des états solides à partir d'idées conduites par la vérité, soit révolu.
Plus près de nous, on peut le voir dans nos villes. Les faibles jouent les matamores avec force discours sur l'ordre et la sécurité, pour donner l'illusion de ce qu'ils ne sont pas.
Dans le théâtre de la cité, certains n'acceptent plus que ce qu'ils
aiment entendre. Et pourtant, depuis la toute petite enfance et jusqu'à
l'âge le plus avancé, l'homme est en recherche permanente de
connaissance.
La difficulté vient de ce que simultanément, certains développent aussi un véritable intérêt originel pour la tromperie, ainsi que la volonté inépuisable de croire.
Et c'est cet intérêt-là qui, aujourd'hui, est sur le point de gagner.
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