lundi 4 juillet 2022

Comment aider un peuple qui soutient ceux qui le trompent?

Les nationalistes, autoritaires et souvent racistes, peuvent accéder au pouvoir dans les toutes prochaines années.

Ils profitent de la métamorphose totale du capitalisme, commencée il y a une cinquantaine d'années, pour greffer sur ce phénomène une explication simple, racialisée et habile, des raisons du malheur des gens.

Tout a commencé aux États-Unis où les organismes de retraite plaçaient depuis longtemps l'épargne de leurs adhérents en actions d'entreprises.

Souhaitant obtenir de meilleurs dividendes, ils se battirent pour cela et se constituèrent en un réseau dit de "fonds de pension" de plus en plus puissants.

Compte tenu des gains obtenus, ce type de pressions est progressivement sorti du monde des retraités pour essaimer dans l'ensemble de la population. La nature des actionnaires a évolué. La nouvelle génération ne se soucia plus du suivi de la vie des entreprises, comme le faisaient les actionnaires "à l'ancienne", soucieux des hommes, de l'activité et de l'avenir.

Seul le résultat comptait et le phénomène gagna l'Europe et la France avec un léger décalage dans le temps.

Comprimer les dépenses et augmenter les marges devinrent le nouveau fil rouge, au détriment des salariés qui n'étaient pas directement représentatifs de l'entreprise et de son image.

On commença à externaliser tout ce qui pouvait l'être, comme l'entretien, la maintenance et les fabrications périphériques les plus simples. Ces travaux échouèrent dans de petites entreprises
indépendantes pour éviter le contre-pouvoir syndical, avec des contrats courts, aisément  reconductibles, en tirant sur les prix.

C'était la fin des "Trente glorieuses", de sa stabilité d'emploi et de ses hausses de salaires corrélées aux gains de productivité. La part des salaires perdit régulièrement du terrain au profit du capital. Le tiers de la population a été touché dans toutes ses composantes, menaçant l'ordre social.

La peur commença à s'installer. Le repli sur soi a pris de l'ampleur et la méfiance à l'égard des "élites" et de l'étranger est progressivement devenu le support d'explications simples pour les populistes de tout
poil, rendant plus fragiles les gouvernements.

La peur toucha non seulement ceux qui étaient concernés, mais aussi les 70% qui étaient épargnés et sentaient qu'un jour ou l'autre ils pourraient l'être, eux aussi.

Les nationalistes racistes réclament maintenant des  référendums (la voix du peuple sans filtre), en sachant que dans ce contexte, la réponse à la question posée deviendra secondaire. L'essentiel étant de montrer que l'on est en dehors du "système" et qu'on le rejette pour mieux s'emparer du pouvoir.

La précarité et le chômage sont à l'origine de la dérive extrême droitière française et internationale. L'intelligence artificielle et la robotisation ont amplifié le phénomène.
C'est cette évolution du capitalisme qui a progressivement été habillée avec les vieux oripeaux des années 30. 

Dans notre région, le phénomène est amplifié par la sociologie de sa population, au point que lors des élections, n'importe qui peut faire l'affaire, pourvu qu'il soit porteur des bons boucs émissaires, de la haine partagée et qu'il s'adresse au cerveau reptilien plutôt qu'à celui du citoyen.

L'élan est tel, actuellement, que la raison aura du mal à s'imposer s'il n'y a pas une mobilisation de ceux qui ont bien compris la manœuvre et n'en veulent à aucun prix, pour eux comme pour leurs enfants.

Comment aider un peuple qui soutient ceux qui le trompent?

 

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