Le courage au quotidien
Une dizaine d'ouvriers travaillent devant chez moi au revêtement de la route.
Ils sont sous la pluie, à manipuler des enrobés d'asphalte et de bitume chauds.
Il fait froid. De la vapeur et des fumées toxiques se répandent.
Ils travaillent en cadence, à rythme soutenu, pour reboucher des tranchées, entre le camion qui verse et le rouleau qui tasse.
"Tous les soirs, je tousse", me dit l'un d'eux.
Ils ne portent pas de masques car "ils n'arrivent pas à respirer avec."
Pourtant les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) qui composent les produits sont possiblement cancérogènes.
On soupçonne certains d'entre-eux de provoquer des mutations irréversibles de l'ADN.
"L'été, avec le soleil en plus, ça gratte la peau," fait remarquer K.
"Moi, c'est sous les pieds que je mets de la pommade le soir", indique son compagnon. "Même avec les semelles de protection, ça chauffe."
C'est la fin de l'après-midi. Ils vont rentrer en camion dans la métropole ou sa banlieue.
Deux heures de trajet.
Un ou deux sont Français. Tous portent sur le visage leur différence.
J'entends dans le lointain, les abrutis de "la préférence nationale."
Le véritable Front, ce sont ces hommes courageux.
Le salaire: 1600-1700€, à peine plus que le SMIC.
Ces hommes s'usent et prennent des risques. Ils méritent un meilleur salaire.
Mais A, qui est au volant, me rétorque du tac au tac: "Y'a plus malheureux, nous on n'est pas sous les bombes!"
Chapeau bas Messieurs, protégez-vous!
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